Expérience de mort imminente chez des survivants à un arrêt cardiaque : une étude prospective aux Pays-Bas Pim van Lommel, Ruud van Wees, Vincent Meyers, Ingrid Elfferich

Département de Cardiologie, Hospital Rijnstate, Arnhem, Netherlands (P van Lommel MD); Tilburg, Netherlands (R van Wees PhD); Nijmegen, Netherlands (V Meyers PhD); and Capelle a/d Ijssel, Netherlands (I Elfferich PhD)


Contacts: Dr Pim van Lommel, Division of Cardiology, Hospital Rijnstate, PO Box 9555, 6800 TA Arnhem, Netherlands   (e-mail:pimvanlommel@wanadoo.nl)

Résumé

Contexte

Certaines personnes témoignent d'une expérience de mort imminente après un état critique mettant leur vie en danger. Le but de notre étude est d'établir la cause de cette expérience et d'évaluer les facteurs qui influencent la fréquence, la profondeur et le contenu de cette expérience.

Méthodologie

Dans une étude prospective, nous avons inclus 344 patients qui ont été réanimés avec succès àla suite d'un arrêt cardiaque, dans 10 hôpitaux hollandais. Nous avons comparé les données démographiques, médicales, pharmacologiques et psychologiques des patients qui ont témoigné d'une NDE et de ceux qui n'en n'ont pas témoigné après qu'ils aient été réanimés. Nous avons ensuite procédé, à travers une étude longitudinale, à une comparaison des modifications dans la vie des patients, suite à une NDE ; nous avons comparé les groupes en les suivant durant 2 à 8 années.

Résultats

62 patients (18%) ont témoigné d'une NDE, parmi lesquels 41 (12%) ont décrit une experience classique. L'apparition de l'expérience n'avait pas de lien avec la durée de l'arrêt cardiaque ou de celle de l'état d'inconscience, ni avec le traitement médical ou la peur de la mort avant l'arrêt cardiaque. La fréquence des NDE �tait affect�e par la mani�re dont nous d�finissons les NDE, la nature prospective de la recherche chez des patients cardiaques plus �g�s, l��ge, le fait d�avoir surv�cu � un arr�t cardiaque lors d�un premier infarctus du myocarde ou encore une premi�re r�animation cardio-pulmonaire (CPR) lors d�un s�jour � l�h�pital, une NDE ant�rieure, et des probl�mes de m�moire apr�s un CPR prolong�. La profondeur de l�exp�rience �tait affect�e par le sexe, le fait d�avoir surv�cu par une r�animation CPR en dehors de l�h�pital, et la peur  �prouv�e avant l�arr�t cardiaque. De mani�re significative, la plupart des patients qui ont eu une NDE et particuli�rement ceux qui ont eu une exp�rience profonde, sont morts dans les 30 jours qui ont suivi une CPR (p<0.0001). Le processus de transformation apr�s une NDE a pris plusieurs ann�es et �tait diff�rent de celui des patients qui ont surv�cu � un arr�t cardiaque sans avoir v�cu de NDE.

 
Interprétation

Bien que l��ge semble entrer en ligne de compte, nous ne savons pas pourquoi si peu de patients cardiaques t�moignent d�une NDE apr�s une r�animation cardio-pulmonaire (CPR). Avec une explication purement physiologique, telle qu�une anoxie c�r�brale, la plupart des patients qui ont �t� cliniquement morts devraient t�moigner de cette exp�rience.

Lancet 2001; 358: 2039-45

Introduction

Certaines personnes qui ont survécu à un état critique mettant leur vie en danger, témoignent d'une expérience extraordinaire. L'expérience de mort imminente se produit avec une fréquence croissante, grâce au taux de survie largement augmenté par les techniques modernes de réanimation. Le contenu de la NDE et les effets sur les patients semblent similaires à travers le monde, à travers les cultures et le temps. La nature subjective et l'absence d'une trame de référence pour cette expérience conduit à des facteurs individuels, culturels et religieux déterminant le vocabulaire utilisé pour décrire et interprèter l'expérience.1

Les NDE sont rapportées dans plusieurs circonstances : arrêt cardiaque dans des infarctus du myocarde (mort clinique), choc lors d'une hémorragie ou lors de complications p�ri-op�ratoires, choc anaphylactique ou li� � une septic�mie, �lectrocution, coma r�sultant de d�g�ts de nature traumatique au cerveau, hémorragie intra-c�r�brale ou infarctus c�r�bral, tentative de suicide, noyade ou asphyxie ou encore apn�e. De telles exp�riences sont également rapport�es par des patients atteints de maladies graves mais qui ne mettent pas imm�diatement leur vie en danger comme les d�pressions s�v�res, ou bien, sans raison apparente, par des personnes pleinement conscientes. Des exp�riences similaires � une mort imminente peuvent appara�tre chez les maladies en phase terminale et sont appel�es � visions de lit de mort �. Des exp�riences identiques aux NDE, appelées expériences de peur de la mort sont tr�s souvent rapport�es suite � des situations au cours desquelles la mort semble in�vitable : accidents de la route graves, accidents de montagne, ou l�isolement subi lors de naufrages.

Plusieurs th�ories sur les origines des NDE ont �t� avanc�es. Certains pensent que l�exp�rience est provoqu�e par des changements physiologiques dans le cerveau, telle que la mort de cellules du cerveau r�sultant d'une anoxie c�r�brale2,4. D�autres th�ories englobent une r�action psychologique � l�approche de la mort5, ou la combinaison d'une telle r�action et d'une anoxie6. De telles expériences pourraient aussi �tre li�es � un changement d��tat de la conscience (transcendance), au cours duquel la perception, la fonction cognitive, l��motion et le sens de l�identit� fonctionnent indépendamment d'une conscience normale li�e au corps physique7. Les personnes qui ont eu une NDE sont psychologiquement en bonne sant�, bien que certaines montrent des signes non-pathologiques de dissociation7. De telles personnes ne pr�sentent pas de diff�rence sur les plans de l��ge, du sexe, de l�origine ethnique, de la religion ou encore du degr� de croyance religieuse.1

Les �tudes sur les NDE1,3,8,9 ont �t� retrospectives et tr�s s�lectives par respect des patients. Dans les �tudes r�trospectives, 5 � 10 ann�es peuvent s��couler entre le moment o� l�exp�rience se d�roule et son �tude, ce qui emp�che souvent une �valuation pr�cise des facteurs physiologiques et pharmacologiques. Dans certaines �tudes r�trospectives, on estimait qu�entre 43%8 et 48%1 des adultes et jusqu�� 85% des enfants10 qui ont eu une maladie mortelle, avaient eu une NDE. Une enqu�te al�atoire portent sur plus de 2000 allemands a montr� que 4.3% avaient eu une NDE � un �ge moyen de 22 ans11. Les différences dans l�estimation de la fr�quence et de l�incertitude sur les origines de l�exp�rience r�sultent des d�finitions vari�es du ph�nom�ne et des m�thodes de recherche inadapt�es12. Les processus de transformation des patients apr�s une NDE sont tr�s similaires1,3,13-16 et englobent un d�but de changement de vie, une intuition accentu�e et la disparition de toute crainte devant la mort. On pense que l�assimilation et l�acceptation de ces changements peuvent prendre au moins plusieurs ann�es.

Nous avons réalisé une étude prospective pour calculer la fr�quence des NDE chez les patients ayant subi un arrêt cardiaque (une situation m�dicale objectivement critique) et �tablir les facteurs qui affectent la fr�quence, le contenu et la profondeur de l�exp�rience. Nous avons également réalisé une étude longitudinale pour �valuer l�effet du temps, de la m�moire, et des m�canismes de suppression sur le processus de transformation apr�s avoir v�cu une NDE, dans le but de confirmer le contenu et  de permettre des études compl�mentaires sur ces expériences. Nous avons aussi propos� de r�-�valuer les th�ories sur l�origine et le contenu des NDE.


M
éthode

Patients

Nous avons inclus des patients qui ont �t� r�anim�s avec succès dans des unités de soins coronaires dans 10 hôpitaux hollandaise durant une p�riode de recherche variant, selon les hôpitaux entre 4 mois � presque 4 ann�es (1988-92). La p�riode de recherche variait � cause de l�exigence de prendre en compte tous les cas de patients qui avaient subi une r�animation r�ussie suite � un probl�me cardiopulmonaire. Si cette r�gle n��tait pas respect�e, nous arrêtions la recherche dans cet hôpital. Tous les patients ont �t� cliniquement morts, ce que nous avons �tabli principalement par les enregistrements d��lectrocardiogrammes. Tous les patients ont donn� leur consentement par �crit. Nous avons également obtenu l�agr�ment du comit� d��thique.

Procédure

Nous avons d�fini les NDE comme étant le souvenir rapporté par les malades, de toutes les impressions d'un état particulier de la conscience, incluant des �l�ments sp�cifiques tels que l�exp�rience de sortie du corps, sensations agr�ables, la vision d'un tunnel, d'une lumi�re, proches d�c�d�s ou une revue de vie. Nous avons d�fini la mort clinique comme une p�riode d�inconscience provoqu�e par une irrigation sanguine du cerveau insuffisante � cause d'une circulation sanguine inadapt�e, d'une insuffisance respiratoire ou les deux de mani�re simultan�e. Si dans cette situation, la r�animation (CPR) n�est pas commenc�e dans les 5-10 minutes, des d�g�ts irr�parables apparaissent au cerveau et le patient mourra.

Nous avons réalisé une courte interview standard auprès des patients qui avaient suffisamment récupéré, quelques jours apr�s leur r�animation. Nous leur avons demand� s�ils se souvenaient de leur p�riode d�inconscience et ce dont ils se souvenaient plus pr�cis�ment. Trois chercheurs ont cod� cette exp�rience en cr�ant un syst�me de pond�ration1. Dans ce syst�me d��valuation, la profondeur de la NDE est �valu�e en fonction de coefficients de pond�ration associ�s � chaque composante de l�exp�rience. Des r�sultats entre 1 et 5 d�notent une NDE superficielle mais nous avons inclus ces �v�nements car tous les patients ayant v�cu ce type d�exp�rience ont également �t� transform�s. Des scores de 6 ou plus d�notent d'une exp�rience g�n�rale de NDE et des scores de 10 ou plus dénotent d'expériences profondes. Nous avons également enregistr� la date de l�arrêt cardiaque, la date de l�interview, le sexe, l��ge, la religion, le type d��ducation re�ue, si le patient avait d�j� pr�c�demment eu des expériences de NDE, avait d�j� pr�c�demment entendu parl� de NDE, si la r�animation cardio-pulmonaire avait eu lieu dans ou hors d'un hôpital, si le patient avait d�j� eu un infarctus du myocarde et enfin, combien de fois le patient avait �t� r�anim� pendant son s�jour � l�hôpital. Nous estim� la dur�e de l�arrêt de la circulation et de l�inconscience et nous avons not� si une respiration artificielle par intubation avait �t� mise en place. Nous avons aussi enregistr� le type et les doses de m�dicaments pris avant, pendant et apr�s la crise, et avons estim�, lors de l�interview, les probl�mes de m�moire potentiels apr�s une r�animation longue et difficile. Nous avons class� s�par�ment les patients r�anim�s durant une stimulation �lectro-physiologique.

Nous avons réalisé et enregistr� des interviews standards auprès des participants, en moyenne 2 ann�es apr�s la r�animation cardio-pulmonaire (CPR). Les patients faisaient un �tat sur les changements observ�s dans leur vie 16. Le questionnaire abordait des questions li�es � leur propre image, � l�int�r�t port� aux autres, au mat�rialisme et  aux questions sociales, � la croyance religieuse et � la spiritualit�, ainsi qu�� l�attitude envers la mort. Les participants ont r�pondu � 34 questions pond�r�es sur  une �chelle � 5 points indiquant si et � quel degr� ils avaient chang�. Apr�s 8 ann�es, les patients survivants et leurs compagnons �taient interview�s � nouveau sur les changements dans leur vie et remplissaient également un questionnaire m�dical et psychologique destin� aux patients cardiaques (de la fondation hollandaise du c�ur) permettant d��valuer leur sens de coh�sion et de de les positionner sur une �chelle �valuant le risque de d�pression. Ces questionnaires suppl�mentaires �taient jug�s n�cessaires pour une analyse qualitative � cause du nombre de personnes interrog�es qui diminuait au bout des 8 ann�es de suivi. Notre groupe de contr�le comprenait des patients r�anim�s qui n�ont pas t�moign� de NDE.  Nous avons mis en parall�le le groupe de contr�le avec des patients qui avaient v�cu une NDE en les classant par �ge, sexe et intervalle de temps entre la r�animation et les seconde et troisi�me interviews.

Analyse statistique

Nous avons analys� les facteurs � l�origine des NDE par les tests du X2 de Pearson et le test du t pour les facteurs d��gale importance. Les facteurs affectant la profondeur de la NDE �taient analys�s avec le test de Mann-Whitney pour les facteurs cat�goriques et avec le coefficient de rang de corr�lation pour les facteurs d��gale importance. Les liens entre les NDE et les resultants obtenus aux questions portent sur les changements observ�s dans la vie des patients �taient �valu�s avec le test de Mann-Whitney. Les sommes des scores individuels �taient utilis�s pour comparer les r�ponses sur les changements de vie entre le deuxi�me et troisi�me interview. Parce que peu de causes ou de relations existent pour les NDE, les hypoth�ses nulles sont l�absence de facteurs. A partir de l�, tous les tests ont �t� réalisés de mani�re bilat�rale et avec un indice de signification donn� par les valeurs de p inf�rieures � 0.05.

Résultats

Patients

Nous avons inclus 344 patient qui, au total, ont subi 509 r�animations avec succès. La moyenne d��ge lors de la r�animation �tait de 62.2 ann�es, avec une variation allant de 26 � 92 ann�es. 251 patients �taient des hommes (73%) et 93 �taient des femmes (27%). Les femmes �taient, de mani�re significative, plus �g�es que les hommes (66 vs 61 ans, p=0.005). Le ratio hommes/femmes �tait de 57/43 pour les �g�s de plus de 70 ans, alors qu�il �tait de 80/20 pour les plus jeunes. 14 (4%) patients ont eu une NDE ant�rieure. Nous avons interview� 248 (74%) patients dans les 5 jours qui ont suivi la r�animation cardio-pulmonaire (CPR). Beaucoup trop de questions d�mographiques issues de la premi�re interview �taient rest�es sans r�ponse pour une analyse statistique fiable, aussi on a utilis� les donn�es de la seconde interview. Sur les 74 patients que nous avons interrog�s apr�s 2 ans, 42 (57%) avait d�j� entendu parl� de NDE, 53 (72%) avaient un profil religieux, 25 (34%) ont arrêt� leurs études � l��ge de 12 ans, et 49 (66%) sont all�s � l��cole au moins jusqu�� 16 ans.

296 (86%) des 344 patients avaient eu un premier infarctus du myocarde et 48 (14%) ont subi plus d'un infarctus. Presque tous les patients avec un infarctus du myocarde aigu ont �t� trait�s avec du fentanyl, � base d�opium, avec du thalamonal, une pr�paration combin�e de fentanyl avec du d�hydrobenzperidol qui a un effet s�datif ou antipsychotique, ou les deux. 45 (13%) patients ont également re�u des drogues comme la diaz�pame ou l�oxaz�pame et on a donn�, � 38 d�entre eux (11%) des s�datifs puissants comme la midazolam (pour l�intubation) ou l�halop�ridol pour le repos c�r�bral pendant ou apr�s une longue p�riode d�inconscience.

234 (68%) patients ont �t� r�anim�s avec succès en hôpital. 190 (81%) ont �t� r�anim�s dans les 2 minutes qui ont suivi l�arrêt circulatoire et la dur�e de l�inconscience a �t� inf�rieure � 5 minutes pour 187 d�entre eux (80%). 30 patients ont �t� r�anim�s pendant une stimulation �lectro-physiologique ; tous ces patients ont subi moins d'une minute d�arrêt de la circulation sanguine et moins de 2 minutes d�inconscience. A ce groupe, il a seulement �t� donn� 5 mg de diazepam environ 1 heure avant la stimulation �lectro-physiologique.

101 (29%) patients ont surv�cu � un probl�me cardio-pulmonaire avant d�arriver � l�hôpital, et 9 (3%) ont �t� r�anim�s � la fois hors milieu hospitalier et � l�hôpital. Sur ces 110 patients, 88 (80%) ont eu un arrêt circulatoire sup�rieur � 2 minutes, et 62 (56%) ont �t� inconscients pendant plus de 10 minutes. Toutes les personnes ayant eu un bref arrêt cardiaque et qui ont �t� r�anim�es en dehors de l�hôpital l�ont �t� dans une ambulance. Seulement 12 (9%) patients ont surv�cu � un arrêt circulatoire qui a dur� plus de 10 minutes. 36 % (123) de tous ces patients ont �t� inconscients pendant plus de 60 minutes, 37 de ces patients ont eu besoin de respiration artificielle par intubation. Les patients intub�s ont re�u de fortes doses de s�datifs et ont �t� interrog�s plus tardivement que les autres patients ; la plupart �taient encore dans une condition physique fragile au moment de la premi�re interview et 24 ont montr� des trous de m�moire. De mani�re significative, les patients plus jeunes survivent mieux que les plus �g�s � une inconscience de longue dur�e suite � une r�animation cardio-pulmonaire difficile (CPR) (p=0.005).

62 (18%) patients ont rapport� des souvenirs de la p�riode de mort clinique (tableau 1). Sur ces patients 21 (6% du total) ont eu une NDE superficielle et 41 (12%) ont eu une exp�rience classique. 23 membres de ce groupe (7 % du total) ont t�moign� d'une NDE profonde ou tr�s profonde. Donc, sur 509 r�animations, 12% ont engendr� une NDE dont 8% furent des expériences classiques. Le tableau 2 montre la fr�quence de 10 composantes de NDE1. Aucun patient n�a t�moign� de NDE p�nible ou effrayante.

Tableau 1:

Répartition des 344 patient dans 5 classes WCEI

 

 

WCEI score*

N

A

Aucune mémoire

0

282

(82%)

B

Des souvenirs

1-5

21

(6%)

C

NDE modérément profonde

6-9

18

(5%)

D

NDE profonde

10-14

17

(5%)

E

NDE très profonde

15-19

6

(2%)

 

WCEI = Weighted Core Experience Index : Pondération des expériences

NDE = Near-Death Experience : expérience de mort imminente

*A = no NDE : absence de NDE,

B = superficial NDE : NDE superficielle

C/D/E = core NDE : NDE

Tableau 2:

Fréquence des 10 composantes de la NDE

 

Composantes de la NDE1

Fréquence (n=62)

1

conscience d'être mort

31

(50%)

2

émotions positives

35

(56%)

3

expérience de sortie du corps

15

(24%)

4

déplacement à travers un tunnel

19

(31%)

5

communication avec la lumière

14

(23%)

6

observation de couleurs

14

(23%)

7

observations d'un paysage céleste

18

(29%)

8

rencontre avec des personnes décédées

20

(32%)

9

revue de vie

8

(13%)

10

présence d'une frontière

5

(8%)

Durant la phase pilote de l�étude, dans l�un des hôpitaux, une infirmi�re d'une unit� de soins coronaires t�moigna d'une v�ridique exp�rience de sortie du corps chez l�un de ses patients r�anim�s :

�Au cours d'une garde de nuit, une ambulance am�ne un homme de 44ans, comateux et cyanotique � l�unit� de soins coronaires. Il avait �t� trouv� environ une heure plus t�t par des passants dans un pr�. Apr�s l�admission, il est mis sous respiration artificielle sans intubation, en m�me qu�il recevait des massages cardiaques et qu�on r�alisait une d�fibrillation. Quand nous avons voulu l�intuber, il perdit son dentier tomb� dans sa bouche. J�ai enlev� ce dentier sup�rieur et l�ai d�pos� sur une tablette roulante. Pendant ce temps, nous poursuivions la r�animation. Apr�s environ une heure et demi, le patient avait suffisamment de rythme cardiaque et de pression sanguine, mais il �tait encore ventil� et intub�, et il �tait toujours dans le coma. Il fut transf�r� � l�unit� de soins intensifs pour continuer la respiration artificielle encore n�cessaire dans son �tat. C�est seulement apr�s plus d'une semaine que je rencontre � nouveau ce patient, qui est maintenant de retour dans l�unit� de cardiologie. Je lui distribue ses m�dicaments. Au moment o� il me voit il me dit: �Oh, cette infirmi�re sait o� est mon dentier�. Je suis tr�s surprise. Alors il explique:�Oui, vous �tiez ici lorsque j�ai �t� amen� � l�hôpital et vous avez pris mon dentier de ma bouche et vous l�avez d�pos� sur cette table roulante, il y avait tous ces flacons dessus et ce tiroir coulissant dessous et c�est l� que vous avez mis mes dents�.  J��tais particuli�rement stup�faite car je me souvenais de ce qui s��tait pass� pendant que l�homme �tait dans un coma profond, durant la phase de r�animation (CPR). Lorsque je lui ai demand� plus de d�tails, il est apparu que l�homme s��tait vu lui-m�me allong� sur le lit, qu�il avait constat� � d�au dessus � � quel point les infirmi�res et les m�decins �taient tr�s occup�s durant le processus de r�animation. Il �tait aussi capable de d�crire correctement et dans le d�tail, la petite salle dans laquelle il a �t� r�anim� ainsi que l�apparence de ceux qui �taient pr�sents, comme moi-m�me. Au moment o� il a observ� la situation, il a �t� tr�s effray� � l�id�e que nous puissions arrêter la r�animation et qu�il pourrait en mourrir. Et c�est vrai que nous �tions tr�s pessimistes quant au pronostic � cause de son tr�s mauvais �tat m�dical lorsqu�il avait �t� admis. Le patient me dit qu�il a, d�sesp�r�ment et sans succès, essay� de nous dire clairement qu�il �tait encore en vie et que nous devions continuer la r�animation (CPR). Il est profond�ment impressionn� par cette experience et dit qu�il n�a plus peur de la mort. 4 semaines plus tard, il a quitt� l�hôpital en bonne sant�.

Le tableau 3 montre les relations entre les facteurs d�mographiques, m�dicaux, pharmacologiques et psychologiques et la fr�quence ainsi que la profondeur des NDE. Aucun facteur pharmacologique ou psychologique n�a affect� la fr�quence de l�exp�rience. Les personnes de moins de 60 ans ont plus souvent des NDE que les personnes plus �g�es (p=0.012) et les femmes, qui �taient de mani�re significative plus �g�es que les hommes ont plus d�expériences profondes que les hommes (p=0.011) (tableau 3). L�augmentation de la fr�quence des expériences chez les patients qui ont surv�cu � un premier infarctus du myocarde, ainsi que des expériences plus profondes chez les patients qui ont surv�cu gr�ce � une r�animation cardio-pulmonaire (CPR) en dehors de l�hôpital peut r�sulter des différences d��ge. Ces deux groupes de patients �taient plus jeunes que les autres patients, bien que les différences d��ge n��taient pas significatives (p=0.05 et 0.07 respectivement). 

Tableau 3:

Facteurs affectant la fr�quence et la profondeur

des expériences de mort imminente

Facteurs categories

NDE

(n=62)

Absece de NDE

(n=282)

P

Profondeur de la NDE

(n=62)

D�mographique

Femmes

13 (21%)

80 (28%)

NS

0�011

Age : <60ans

32 (52%)

96 (34%)

0�012

NS

Religion (oui)

26 (70%)

27 (73%)

NS

NS

Education :

niveau primaire

10 (27%)

15 (43%)

NS

NS

Medical

Intubation

6 (10%)

31 (11%)

NS

NS

Stimulation �lectrophysiologique

8 (13%)

22

(8%)

NS

NS

Premier infarctus du myocarde

60 (97%)

236 (84%)

0�013

NS

R�animation hors hospital

13 (21%)

88 (32%)

NS

0�027

Trous de m�moire apr�s une longue r�animation

1 (2%)

40 (14%)

0�011

NS

D�c�s dans les 30 jours

13 (21%)

24 (9%)

0�008

0�017

Prise de medicaments autres que ceux prescrits

17 (27%)

70 (25%)

NS

NS

Peur psychologique avant la r�animation CPR

4 (13%)

2 (6%)

NS

0�045

NDE ant�rieure

6 (10%)

8 (3%)

0�035

NS

Connaissance pr�alable au sujet des NDE

22 (60%)

20 (54%)

NS

NS

R�partition des facteurs

Age d�mographique (moyenne,ann�es)*

58�8 (13�4)

63�5 (11�8)

0�006

NS

Dur�e m�dicale de l�arrêt cardiaque (moyenne, min)

4�0 (5�2)

3�7 (3�9)

NS

NS

Dur�e de l�inconscience (moyenne, min)

66�1 (269�5)

118�3 (355�5)

NS

NS

Nombre de r�animation �cardio-pulmonaires�

2�1 (2�5)

1�4 (1�2)

0�029

NS

Sauf indication, les donn�es sont des nombres (%)

CPR = GardioPulmonary Resuscitation : r�animation cardiopulmonaire

NS= Non Significatif (p>0�05).

*3 valeurs manquantes


Les r�animations cardio-pulmonaires (CPR) longues peuvent parfois entra�ner des pertes de m�moire et les patients ainsi affect�s t�moignent, de mani�re significative de moins de NDE que les autres (voir tableau 3). Aucune relation n�a �t� trouv�e entre la fr�quence des NDE et le temps �coul� entre le processus de r�animation (CPR) et le premier interview (entre 1-70 jours). La mortalit� pendant ou juste apr�s le s�jour � l�hôpital �tait de mani�re significative plus �lev� chez les patients qui ont eu une NDE que chez ceux qui n�ont pas t�moign� de NDE (13/62 patients [21%]) vs 24/282 [9%], p=0.008), et cette différence �taient encore plus marqu�e chez les patients qui ont t�moign� d'une exp�rience profonde (10/23 [43%] vs 24/282 [9%], p<0.0001).

D�couvertes longitudinales

Apr�s 2 ann�es de suivi, 19 des 62 patients ayant eu une NDE sont morts et six ont refus� d��tre interview�. Donc, nous pouvions interroger 37 patients pour la seconde fois. Tous les patients �taient capables de raconter une nouvelle fois leur exp�rience avec une grande exactitude. Sur les 17 patients qui avaient obtenu des scores faiblesau cours du premier interview (NDE superficielle), 7 d�entre eux ont obtenu un r�sultat identique et quatre, probablement apr�s coup, t�moignaient d'une NDE qui consistait seulement en des �motions positives (score 1). Au final, seuls 6 patients n�avaient pas de NDE du tout, ce qui �tait probablement du � notre large d�finition des NDE lors du premier entretien.

Nous avons s�lectionn� un groupe de contr�le, qui en �ge, sexe, et temps �coul� depuis leur arrêt cardiaque �tait �quivalent au groupe des 282 patients qui n�avaient pas eu de NDE.  Nous avons contact� 75 des ces patients pour obtenir finalement 37 survivants qui ont accept� d��tre interview�s. Deux interviews aboutissaient � une NDE consistant uniquement en des �motions positives et 2 autres qui �taient des expériences classiques. Le premier interview suivant la r�animation (CPR) a peut �tre �t� réalisé trop t�t pour 4 patients (1% du total) pour qu�ils puissent se rappeler de leur NDE, ou pour �tre dispos� ou capable de d�crire leur exp�rience. Nous avions donc la possibilit� d�interviewer 35 patients qui avaient eu une NDE confirm�e et 39 patients qui n�en avaient pas eu.

Seulement 6 des 74 patients que nous avons interview�s apr�s 2 ann�es ont d�clar� �tre effray�s avant la r�animation (CPR). 4 de ces 6 patients ont eu une NDE profonde (p=0.045, tableau 3). La plupart des patients n�avaient aucune cra inte avant la r�animation cardio-pulmonaire (CPR), l�arrêt cardiaque �tant apparu de mani�re trop soudaine et inattendue pour avoir le temps d�avoir peur.

Les différences significatives dans les r�ponses apport�es � 13 des 34 points abord�s dans le changement de vie des personnes, qui ont eu ou non une NDE, sont montr�s dans le tableau 4. Par exemple, les personnes qui ont eu une NDE ont une croyance accrue dans l�existence d'une autre vie et une crainte att�nu�e de la mort compar�s aux personnes qui n�ont pas eu cette exp�rience. La profondeur de la NDE �tait li�e aux r�sultats �lev�s obtenus sur les points spirituels tels que l�int�r�t port� au sens de sa propre vie, et sur les points sociaux tels que l�amour et l�acceptation des autres. Les 13 patients qui ont eu une NDE superficielle ont subi les m�mes transformations sp�cifiques que ceux qui ont eu une exp�rience classique.  

Tableau 4

Liste des changements importants observ�s dans la vie des patients16

qui ont v�cu ou non une NDE. Bilan apr�s 2 ann�es de suivi.

 

Pour recenser les changements apparus dans la vie

p

Comportement social

Capacit� � montrer ses propres sentiments

0�034

Acceptation des autres*

0�012

Montrer plus d�amour, �tre positif*

0�002

Compr�hension des autres*

0�003

Engagement dans  sa famille*

0�008

Comportement religieux

Compr�hension du but de la vie*

0�020

Sens profound de la vie*

0�028

Int�r�t port� � la spiritualit�

0�035

Comportement face � la mort

Crainte de la mort*

0�009

Croyance dans une vie apr�s la mort

0�007

Autres

Int�r�t port� au sens de la vie

0�020

Compr�hension de soi-m�me

0�019

Appr�ciation des choses ordinaries

0�0001

NDE : exp�rience de mort imminente. 35 patients ont eu une NDE, 39 n�ont pas eu de NDE. 1 valeur manquante pour les patients avec NDE dans toutes les cat�gories, * 2 valeurs manquantes pour les patients avec NDE (ie, n=33)

Les 8 ann�es de suivi incluaient les 23 patients qui avaient v�cu une NDE confirm�e apr�s 2 ann�es de suivi. 11 patients sont morts et 1 ne pouvait pas �tre interview�. Les patients �taient encore capables de se rappeler leur NDE de mani�re quasi exacte. Parmi les patients qui n�avaient v�cu de NDE, apr�s deux ann�es de suivi, 20 sont morts et 4 patients ne pouvaient pas �tre interview�s (pour des raison telles que la d�mence et de longs s�jours en hôpital), ce qui laissait 15 patients sans NDE pour participer au 3�me interview.

Tous les patients, m�me ceux qui n�avaient pas eu de NDE, ont subi des changements positifs, ont acquis plus d�assurance personnelle, �taient davantage impliqu�s socialement et �taient plus religieux qu�avant. Egalement, les personnes qui n�avaient pas v�cu de NDE, sont devenus �motionnellement plus affect�es, et chez certains, la crainte de la mort avait diminu� davantage qu�au bout des 2 ann�es de suivi. L�int�r�t qu�ils portaient � la spiritualit� avait beaucoup diminu�. La plupart des personnes qui n�ont pas v�cu de NDE ne croyaient pas � une vie apr�s la mort, apr�s les 2 ou 8 ann�es de suivi. (tableau 5). Les personnes qui ont v�cu une NDE avaient un processus d�adaptation beaucoup plus complexe : ils sont devenus �motionnellement plus vuln�rables et plus positifs et il �tait fr�quent d�observer une augmentation des sentiments intuitifs de mani�re �vidente. La plupart des membres de ce groupe ne montraient aucune peur de la mort et croyaient fermement en une autre vie. Les changements positifs �taient plus apparents apr�s 8 ann�es qu�apr�s 2 ann�es de suivi. 

Tableau 5:

Bilan des r�sultats obtenus pendant l�enqu�te sur les changements

dans la vie des patients apr�s 2 ann�es et 8 ann�es de suivi

 

 

Liste des changements observes dans la vie des patients

2 années de suivi

8 années de suivi

Questionnaire

NDE

Absence de NDE

NDE

Absence de NDE

 

(n=23)

(n=15)

(n=23)

(n=15)

Comportement social

 

 

 

 

Montrer ses propres sentiments

42

16

78

58

Acceptation des autres

42

16

78

41

Montrer plus d�amour, �tre positif

52

25

68

50

Compr�hension des autres

36

8

73

75

Engagement dans  sa famille

47

33

78

58

Comportement religieux

Compr�hension du but de la vie

52

33

57

66

Sens profond de la vie

52

25

57

25

Int�r�t port� � la spiritualit�

15

-8

42

-41

Comportement face � la mort

Crainte de la mort

-47

-16

-63

-41

Croyance dans une vie apr�s la mort

36

16

42

16

Autres

Int�r�t port� au sens de la vie

52

33

89

66

Compr�hension de soi-m�me

58

8

63

58

Appr�ciation port�e aux choses ordinaires

78

41

84

50

         

NDE = Near-Death Experience: exp�rience de mort imminente.

Les participants ont r�pondu par �valuation sur une �chelle de 5 points indiquant si et � quel degr� ils avaient chang� :

- fortement augment� (+2)

- sensiblement augment� (+1)

- aucun changement (0)

- sensiblement diminu� (-1)

- fortement diminu� (-2)

Discussion
 

Nos r�sultats montrent que les facteurs m�dicaux ne peuvent pas expliquer l�apparition des NDE ; bien que tous les patients aient �t� cliniquement morts, la plupart n�ont pas eu de NDE. De plus, la gravit� de la crise n�avait pas de lien avec � l�apparition ou la profondeur de l�exp�rience. Si des facteurs purement physiologiques r�sultant d'une anoxie c�r�brale provoquaient les NDE, la plupart de nos patients devraient conna�tre cette exp�rience. Les m�dicaments prescrits aux patients n��taient pas non plus li�s � la fr�quence des NDE. Les facteurs psychologiques �taient probablement peu importants, de m�me que la peur n��tait pas associ�e avec les NDE.

La fr�quence de 18% de NDE que nous avons not�e est plus basse que celle rapport�e dans des études pr�alables1 ,8, ce qui peut �tre du au fait que le sch�ma de notre étude n�a pas permis une auto-s�lection des patients. Notre fr�quence de NDE est basse malgr� une large d�finition de l�exp�rience. Seulement 12% des patients ont eu une NDE dite classique, et ce r�sultat est peut-�tre surestim�. Lorsque nous avons analys� ces r�sultats, nous avons not� qu�un hôpital, qui avait particip� � l�étude pendant environ 4 ans et au sein duquel 137 patients avaient �t� s�lectionn�s, a rapport� une fr�quence de NDE, significativement (p=0.01) plus basse (8%) et  significativement accompagn�es (p=0.05) de moins d�expériences profondes. Il est alors possible que dans les autres hôpitaux, qui parfois ne participaient que quelques mois, une s�lection des patients ait �t� réalisée. Dans une étude pr�alable avec le m�me sch�ma que la notre, 6% des 63 survivants � un arrêt cardiaque ont t�moign� d'une exp�rience classique, et un autre groupe repr�sentant 5% se souvenait de quelques composantes d'une NDE (bas score dans notre étude) ; ainsi, avec notre large d�finition de l�exp�rience, 11% de ces patients ont t�moign� d'une NDE. Alors, la fr�quence vraie de l�exp�rience est probablement autour de 10%, ou 5% si on se base sur le nombre de r�animations plut�t que sur le nombre de patients r�anim�s. Les patients qui ont surv�cu � plusieurs reprises gr�ce � des r�animations cardio-pulmonaires ont significativement une chance plus �lev�e de vivre une NDE.

Nous avons not� que la fr�quence des NDE �tait plus �lev�e chez les personnes de moins de 60 ans que chez les personnes plus �g�es. Dans d�autres études, la moyenne d��ge au moment de la NDE est plus basse que celle que nous avons estim� (62,2 ans) et la fr�quence de l�exp�rience est plus �lev�e. Morse a observ� 85% de NDE chez les enfants, Ring a enregistr� 45% NDE chez des personnes avec une moyenne d��ge de 37 ans, et Sabom a vu 43 % NDE chez des personnes �g�es de 49 ans en moyenne ; donc, l��ge et la fr�quence de l�exp�rience semblent �tre associ�s. D�autres études pr�c�dentes ont enregistr� un �ge inf�rieur au moment de la NDE : 32 ans6, 29 ans8, et 22 ans11. Dans l�étude de Sabom, l�origine de la NDE �tait un arrêt cardiaque chez la plupart des patients, alors que dans d�autres travaux, cela concernait seulement un faible pourcentage. Nous avons vu que les personnes ayant subi une r�animation � cardio-pumonaire � (CPR) en dehors de l�hôpital (qui avaient subi des NDE plus profondes que d�autres patients) avaient tendance � �tre plus jeunes, comme l��taient ceux qui ont surv�cu � un arrêt cardiaque lors d'un premier infarctus du myocarde (NDE plus fr�quentes), ce qui indique que l��ge �tait un crit�re important dans les r�sultats de cette étude.

Dans une étude de mortalit� chez les patients ayant subi une r�animation hors milieu hospitalier18, il a �t� d�montr� que les chances de survie augmentent chez les personnes de  moins de 60 ans ainsi que chez ceux qui ont subi un premier infarctus du myocarde. Les personnes plus �g�es ont une plus faible chance de retrouver leurs facult�s c�r�brales apr�s des r�animations difficiles et compliqu�es, suite � un arrêt cardiaque. Les patients plus jeunes de ont une plus grande chance de survivre � un arrêt cardiaque et donc de d�crire leur exp�rience. Dans une étude men�e sur 11 patients apr�s une r�animation (CPR), la personne qui avait eu une NDE �tait significativement plus jeune que les autres patients qui n�avaient pas une telle exp�rience.19 Greyson a également enregistr� une fr�quence plus �lev�e de NDE et des expériences significativement plus profondes � des �ges inf�rieurs, Ring a également fait cette constatation.

Une bonne m�moire �  court-terme semble �tre essentielle pour se rappeler des NDE. Les patients qui ont des probl�mes de m�moire apr�s une r�animation prolong�e t�moignent de moins d�expériences que les autres patients de notre étude. L�oubli ou le refus de telles expériences dans les premiers jours apr�s la r�animation (CPR) �tait probablement ce qui est arriv� chez les patients restant, parce qu�aucune relation n�a �t� trouv�e entre la fr�quence des NDE et la date du premier interview. Cependant, apr�s 2 ann�es de suivi, deux patients se souvenaient d'une NDE classique et deux d'une NDE qui consistait en des �motions positives qu�ils n�avaient pas rapport� aussit�t apr�s la r�animation, probablement � cause probl�mes de m�moire � ce moment-l�. Il est � noter que des personnes peuvent se rappeler leur NDE de mani�re presque exacte 2 et 8 ans apr�s.

Bien que cela aille � l�encontre de nos r�sultats, une corr�lation inverse a �t� d�montr�e entre des connaissances pr�alables sur les NDE et la fr�quence des NDE. Nos r�sultats, qui montrent que les femmes ont des expériences plus profondes que les hommes, a �t� confirm�e dans deux autres études1,7, bien que dans une7, cela a �t� observ� seulement dans les cas o� les femmes ont eu une NDE r�sultant de maladie.

Les composantes de NDE qui ont �t� not�es (tableau 2) correspondent � celles d�autres études, bas�es sur la classification de Ring1. Greyson a construit une �chelle de NDE diff�rente de Ring, mais les deux syst�mes d��valuation sont �troitement corr�l�s (r=0,90). Pour l�instant, des comparaisons fiables sont presque impossibles entre les études pr�c�dentes qui ont inclus une s�lection des patients, des enregistrement m�dicaux non fiables et qui ont utilis� des crit�res diff�rents pour la NDE 12, et notre étude prospective.

Notre recherche de suivi longitudinal dans les processus de transformation apr�s une NDE confirme la transformation d�crite par beaucoup d�autres.1-3,8,10,13-16,21 Plusieurs de ces enqu�tes avait pris en compte un groupe de contr�le pour permettre l�étude des différences dans la transformation, 14 mais dans notre recherche, les patients ont �t� interview�s 3 fois en 8 ans, avec un groupe de contr�le �quivalent. Nos r�sultats montrent que le processus de changement apr�s une NDE tend � prendre plusieurs ann�es pour se consolider. Vraisemblablement, en plus des processus psychologiques internes potentiels ; une raison pour cela est li�e avec le comportement n�gatif de la soci�t� vis � vis des NDE, ce qui conduit les individus � nier ou supprimer leur exp�rience par peur du rejet ou du ridicule. C�est ainsi que le conditionnement social entra�ne les NDE � �tre traumatisantes alors qu�en elle-m�me ce n�est pas une exp�rience psycho-traumatisante. Le r�sultat peut �tre que les effets de l�exp�rience peuvent �tre retard�s pendant des ann�es et c�est seulement graduellement et avec difficult�s que la NDE est accept�e et int�gr�e. Par ailleurs, les effets de transformation � long terme � partir d'une exp�rience d�arrêt cardiaque qui dure seulement quelques minutes est une d�couverte surprenante et inattendue.

Une limite de notre étude est que notre groupe d�étude �tait enti�rement constitute de patients cardiaques hollandais qui �taient g�n�ralement plus �g�s que les groupes dans d�autres études. Donc notre fr�quence de NDE pourrait ne pas �tre repr�sentative de tous les cas � par exemple, une fr�quence plus �lev�e pourrait �tre attendue avec des sujets plus jeunes, ou les taux pourraient varier dans d�autres populations. Egalement, les taux de NDE pourraient varier chez les personnes qui survivent � des �pisodes de mort imminente qui proviennent de causes diff�rentes, comme la noyade, accidents mortels avec traumatisme c�r�bral, et �lectrocution. Il serait, cependant, impossible de mener des études prospectives dans la plupart de ces cas.

Plusieurs th�ories ont �t� propos�es pour expliquer les NDE. Nous n�avons pas montr� que les facteurs psychologiques, neurophysiologiques ou physiologiques provoquaient ces expériences apr�s un arrêt cardiaque. Sabom mentionne le cas d'une jeune femme am�ricaine qui a eu des complications pendant une op�ration du cerveau pour un an�vrisme c�r�bral. L�EEG (electroenc�phalogramme) de son cortex et de son cerveau sont devenus totalement plats. Apr�s l�op�ration, qui a �t� finalement r�ussie, cette patiente a prouv� avoir eu une NDE tr�s profonde, avec une exp�rience de sortie du corps, avec des observations faites pendant la p�riode d�enc�phalogramme plat qui ont pu �tre v�rifi�es par la suite.

Et encore, les processus neurophysiologiques doivent jouer un r�le dans les NDE. Des expériences similaires peuvent �tre provoqu�es � partir de stimulation �lectrique du lobe temporal (et donc de l�hippocampus) au cours de neurochirurgie pour �pilepsie, 23 avec des niveaux de dioxide de carbone �lev�s (hypercarbia), 20 et lors d'une irriguation c�r�brale diminu�e r�sultant d'une hypoxie c�r�brale locale comme on peut observer dans les acc�l�rations rapides durant l�entra�nement des pilotes de combat, 25 ou comme dans une hyperventilation suivie par une � man�uvre valsalva �. 4 Les expériences provoqu�es par la k�tamine r�sultant du blocage du r�cepteur NMDA 26 et le r�le de l�endorphine, de la s�rotonine et de l�enk�phaline ont également �t� mentionn�es 27, de m�me que l�apparition d�expériences semblables � la mort imminente apr�s utilisation de LSD28, psilocarpine et mescaline. 21 Ces expériences provoqu�es peuvent comporter une p�riode d�inconscience, une exp�rience de sortie du corps, et la perception de lumi�re ou de flashes de souvenirs du pass�. N�anmoins, ces souvenirs sont constitu�s de m�moire fragment�e et al�atoire contrairement � la revue de vie panoramique qui peut se produire dans les NDE. De plus, les processus de transformation et la disparition de la peur de la mort sont rarement rapport�es apr�s des expériences provoqu�es.

Donc les expériences provoqu�es ne sont pas identiques aux NDE, et ainsi, en plus de l��ge, un m�canisme inconnu ne provoque les NDE par stimulation de processus neurophysiologiques et neuro-humoraux � un sous-niveau cellulaire du cerveau que dans quelques cas pendant un �tat critique comme la mort clinique. Ces processus peuvent aussi d�terminer si l�exp�rience atteint la conscience et si la personne peut se la rappeler.

Par manque de preuves pour toute autre th�orie sur les NDE, l�hypoth�se �mise mais pas encore prouv�e, affirmant que la conscience et les souvenirs sont localis�s dans le cerveau doit �tre discut�e. Comment une personne peut-elle exp�rimenter une conscience claire en dehors de son corps au moment o� le cerveau ne fonctionne plus durant une p�riode mort clinique avec des (�lectroenc�phalogrammes) plats ?22 Egalement, au cours d'un arrêt cardiaque l�EEG (�lectroenc�phalogramme) devient g�n�ralement plat, dans la plupart des cas, dans les 10 s qui ont suivi la syncope.23,30 De plus, les aveugles ont d�crit des visions confirm�es durant des expériences de sortie du corps au moment de cette exp�rience. 31 Les NDE repoussent les limites des id�es m�dicales au sujet de la relation entre la conscience humaine et l�esprit-cerveau.

La recherche devrait se focaliser sur les efforts ayant pour but d�expliquer scientifiquement l'occurrence et le contenu des NDE. La recherche devrait également se concentrer sur certaines composantes sp�cifiques des NDE, telles que les expériences de sortie hors du corps et d'autres aspects v�rifiables. Enfin, la th�orie et le fond transcendental devraient �tre pris en compte dans le cadre explicatif de ces expériences.

Une autre th�orie d�fend l�id�e que les NDE peuvent �tre un changement d��tat de la conscience (transcendance), dans lequel l�identit�, la connaissance et l��motion fonctionne indépendamment de la conscience du corps, mais conserve la possibilit� de perception non-sensorielle.7,8,22,28,31

Collaborateurs

Pim van Lommel a coordonn� les premiers interviews et �tait responsable de la collecte des donn�es d�mographiques, m�dicales et pharmacologiques. Pim van Lommel, Ruud van Wees, et Vincent Meyers ont �valu� le premier interview. Ruud van Wees et Vincent Meyers ont coordonn� les seconds interviews. Ruud van Wee a réalisé les analyses statistiques sur les premiers et seconds interviews. Ingrid Elfferich a réalisé les troisi�mes interviews et a analys� les r�sultats.

Remerciements

Nous remercions les infirmi�res et l��quipe m�dicale des hôpitaux impliqu�s dans la recherche ; les volontaires de l�Association Internationale des Etudes sur la Mort imminente ; IANDS - Pays-Bas;  la Fondation Merkawah pour la r�alisation des interviews et l�enregistrement des deuxi�mes et troisi�mes interviews ; Martin Meyers pour son aide � la traduction ; et Kenneth Ring et Bruce greyson pour la relecture de cet article.

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